"Et si au fond, nous n'étions que vecteurs de transmissions... Et de pas sages ou plus ou moins agités. Il y a quelques jours, j'ai posté ici même Un paysage de lac entouré de montagnes, Et ce titre qui l'accompagnait, Au moment où je prenais le cliché : "Plaisir des yeux" Mon intention était sans autre prétention Que celle de partager, Offrir au monde un simple instant de bonheur à contempler. Depuis, 70 personnes ont liké, D'autres ont partagé, Et ce merveilleux paysage continue d'en enchanter, D'en régaler, De permettre à d'autres de se projeter, Voyager ou rêver. Cela ne m'a rien coûté, si ce n'est cette infime intention, Et pourtant cela semble tellement apporter, réconforter... Un certain nombre d'âmes, En termes de sensations et de belles émotions. A y réfléchir un peu plus, Tôt ce matin et en toute humilité, Cette anecdote résume bien la personne que je suis, Que j'ai sans doute au fond de moi toujours été, Même si tout n'est pas encore conscientisé. Un homme qui aime la vie, La nature, la simplicité et l'authenticité. Un amoureux discret de ce qui enchante le cœur et le regard En un rien de temps, et à moindre frais. Et l'ouïe aussi, comme ces cloches qui ces jours-ci, M'apaisent lorsque je tends l'oreille. Accrochées aux cous de vaches qui prennent l'air et l'herbe A quelques champs de chez moi, Et dont les ruminations toutes en sonorités Font mon bonheur dans chaque écho de leurs tintements. Il ne m'en faut pas plus pour m'en retourner Dans les souvenirs de mon enfance, Et de ces heures passées à jouer Dans une campagne où tout nous était permis, Accessible et magique, En connexion directe avec notre imaginaire Et nos esprits de jeunes aventuriers, Avec la bande des copains du quartier. Comme ce monde a bien changé Lorsque l'on passe de l'autre côté, Celui que l'on dit de l'âge adulte et des responsabilités. Des choses sérieuses, comme nos vies à gagner, Nos retraites à préparer Et nos richesses à ne pas manquer. Serais-je donc passé à côté De tous ces signes extérieurs d'une vie réussie ? A quel moment précis Cette courroie de trans-missions Aurait-elle donc lâché ? Au fond, entre lac et montagnes, Quelques pointes de sommets encore bien enneigés Témoignent d'un Hiver à peine effacé. Le Printemps est désormais en train de retrouver ses quartiers, Ses rayons de soleil déjà bien posés Et une végétation qui se refait une beauté. Le "plaisir des yeux" n'est pas le seul concerné. L'ouïe s'est faite rattrapée elle aussi. Je me sens profondément touché Par toutes ces beautés qui m'entourent, Et le simple fait de les coucher ici et maintenant De l'extrémité d'un seul doigt, Et en un seul jet sur un tout petit clavier, Avant de tout envoyer "balader" à nouveau, Dans ce monde dit numérisé et digitalisé, Est aussi un "plaisir des mots" Qui me fait tant vibrer, Et le remède à d'autres maux Qu'il faut bien soulager. C'est vrai je voulais vivre de mon écriture, Mais au fond c'est surtout elle qui m'encourage En corps et me permet de vibrer. Comme une bouée que je tente à chaque fois D'envoyer au monde, Lorsqu'il me semble que les vents et marées de notre Humanité Se font un peu trop menaçants et troublants, Et que j'aimerais seulement Du plus lointain de mon regard d'enfant innocent, Inviter à ne pas trop s'agiter... Du style on peut encore imaginer l'apaiser. C'est peut-être ce qui explique aussi ce matin, Une nuit de sommeil écourtée, A l'écoute d'un cœur humain si souvent réveillé Pour d'autres nuits passées Au coeur des incendies et fumées Toxiques et mortelles de notre société. Mais ce rêve d'enfant s'est éteint lui aussi Lors d'un récent été... Me reste cependant les sons des sirènes deux tons et les gyrophares bleutés... Et aussi dans chaque rue traversée Tout près de ce lac entouré de sommets, De nombreuses missions exécutées Parce que c'était mon métier... Quelques vies certes ont été sauvées, Et d'autres maisons et quartiers incendiés sauvegardés... Mais pour combien de victimes et sauveurs sacrifiés ? Plaies du coeur pas tout à refermées Et autres plaisirs d'un cœur à d'autres dédiés... Et un pas de côté aujourd'hui, Afin de tenter de transmettre le plus beau dans la vie, Et aussi me refaire une santé. L'amour des siens quel que soit son pays... Infime et infini vue d'ici. Le sentiment d'un devoir accompli, Et d'autres droits bafoués passés sous silence, Mélange subtil entre plaisirs et souffrances."